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Bienvenue aux 27èmes Journées du Longitudinal

 Trajectoires et carrières contemporaines : nouvelles perspectives méthodologiques

 

Les 27èmes Journées du Longitudinal sont organisées par le laboratoire PACTE (UMR 5194 IEP-CNRS-UGA) qui est Centre associé du Céreq, avec la participation du laboratoire LaRAC (EA 602 UGA).

Elles auront lieu les 23 et 24 juin 2022 à l’IEP de Grenoble.

 

Présentation

Les recherches sur les trajectoires et les carrières professionnelles sont traversées par des débats sur les concepts et les approches méthodologiques permettant de comprendre comment les individus parcourent le monde social. Ces débats reflètent les transformations à l’œuvre des organisations productives et des systèmes de travail confrontés à l’épuisement du modèle fordiste et au développement d’un nouveau modèle économique mondialisé, concurrentiel et flexible. Ils témoignent aussi d’une ambition méthodologique de mieux prendre en compte la dialectique des individus et des structures sociales dans la construction des carrières contemporaines.

Jusqu’aux années 1980, la notion de carrière évoque la mobilité sociale ascendante des personnes salariées selon des règles de recrutement, de mobilité et de rémunération au sein des organisations et sur les marchés internes (Bastin, 2016). Le cadre d’analyse des relations formation-emploi est celui de l’adéquation entre la formation suivie et l’emploi occupé. Le diplôme obtenu en formation initiale est supposé garantir l’accès aux différentes positions sociales et la formation continue offrir une seconde chance de promotion. À partir des années 1990, « la fin des carrières organisationnelles » (Hall, 1996) et l’avènement des« carrières sans-frontière » (Arthur, Rousseau, 1996) ou des « carrières nomades » (Cadin, Bender, De St Giniez, 2003) sont annoncées. La carrière va alors désigner la succession des expériences d’un individu au fil du temps, les mobilités au sein d’une ou plusieurs organisations et/ou professions, sur des marchés internes et/ou externes. « La figure enthousiaste d’un individu entreprenant, indépendant et hyper-mobile, sacré plus ou moins malgré lui ultime artisan de son parcours » (Dany, 2004) et les notions « d’employabilité » (Gazier, 1990) et de « compétences » comme « ensemble de propriétés instables devant constamment être soumises à l’épreuve » (Tanguy, 1994) se diffusent dans les sphères de l’éducation et du travail. Cela témoigne du changement des pratiques de gestion de la main-d’œuvre. Paradoxalement, l’affaiblissement du rôle du diplôme est interrogé alors que le nombre de jeunes femmes et hommes diplômés explose (Lemistre, 2003) et que la formation continue est réformée afin de sécuriser des trajectoires de plus en plus discontinues et incertaines (Gaudu, 2008).

Cette fragmentation des carrières s’accompagne « de nouveaux réflexes méthodologiques » (Dany, op.cit.) de la part des chercheuses et chercheurs. L’accent est mis « sur la dimension subjective des trajets biographiques » (Bastin, op.cit.). Le recours croissant aux matériaux biographiques et aux méthodes d’analyse qualitatives – qualifié de « tournant biographique » (Rustin, 2006 ; Peneff, 1994 ; Perrin-Joly, 2018) – alimente les débats. La tentative de J.-C. Passeron de réinterpréter les notions de « trajectoire » et de « carrière », en trouvant une voie médiane entre la description surplombante des « autobus sans voyageurs » et l’amour de l’individu du « biographe obsessionnel », participe à faire de cette sociologie un lieu vivant du travail de conceptualisation des rapports entre les parcours d’individus et l’évolution de structures sociales. Cependant, depuis les années 2000, c’est dans le champ des méthodes statistiques que la dialectique individus/structures sociales se renouvelle le plus profondément. Les innovations se multiplient dans le domaine de l’analyse de séquences, des algorithmes de classification ou encore de la visualisation des données longitudinales (Lesnard, De Saint-Pol, 2006 ; Robette, 2011 ; Blanchard, Bühlmann, Gauthier, 2014). Dans le même temps, l’analyse des réseaux sociaux (Mercklé, 2016) permet des avancées dans la compréhension de la façon dont les relations sociales se transforment avec le temps et façonnent les trajectoires autant qu’elles sont façonnées par elles (Bidart, Degenne, Grossetti, 2011). Des croisements méthodologiques originaux mobilisant analyse de séquences et analyse géométrique des données ou analyse de réseaux visent à mettre en œuvre une double contextualisation des carrières, dans des espaces (réseaux, champs, mondes sociaux…) et dans des temps sociaux. De même, dans le domaine de l’économie, l’économétrie des données individuelles propose également une compréhension de plus en plus riche des trajectoires, en fonction des situations dans lesquelles peuvent se trouver les individus (Havet, Joutard, Penot, 2019). 

Les Journées du Longitudinal à Grenoble proposent de présenter des recherches sur les carrières et les trajectoires scolaires et professionnelles. Les objectifs sont : questionner l’articulation entre choix individuels et structures sociales ; actualiser les connaissances sur ce champ de recherche dans le contexte des transitions numérique et écologique ; discuter des nouvelles perspectives ouvertes par les avancées méthodologiques que ce champ a connu depuis les années 2000.

 

 

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